Chaque semaine le directeur de L’Essor de la Gendarmerie commente pour vous l’actualité
Lao Tseu disait “On gouverne un grand État comme on fait frire les petits poissons” (avec précaution). Les gendarmes sont dirigés par un ministre qui devrait suivre ce conseil.
Nous sommes le jeudi 1er septembre 2022.
Rue Bleue est une newsletter écrite pour vous par le directeur de L’Essor de la Gendarmerie nationale. L’éclairage d’un observateur civil, indépendant, attaché à la défense des personnels de l’Arme, dans la ligne de ses prédécesseurs.
Les sources de ces informations ne proviennent pas seulement de notre site d'informations journalières, mais aussi de sites extérieurs, ou de l'AFP. Si vous appartenez, de près ou de loin, à la communauté des gendarmes, de leurs amis, et de leur journal d’expression (depuis 86 ans), L’Essor de la Gendarmerie nationale, ou, au-delà, aux amis des forces de sécurité et du maintien de l'ordre, cette correspondance est pour vous !
Les trois sujets mises en avant cette semaine :
1️⃣ Gérald Darmanin a laissé s’enfuir l’iman qu’il voulait expulser
Le ministre de l’Intérieur a décidé d’expulser l'imam radical Hassan Iquioussen, 58 ans, né à Denain dans le Nord, et de nationalité marocaine. Ce dernier, en référé, a obtenu d’un tribunal administratif une décision de sursis. Le Conseil d’Etat a été aussitôt saisi. À peine sa décision favorable a-t-elle été publiée qu’une équipe de policiers s’est rendue au domicile privé de M. Iquioussen, par ailleurs “fiché S” (selon le ministre), pour constater qu’il avait disparu.
Il n’était donc pas surveillé ou “filé”.
Presque en même temps on apprend que le Maroc a suspendu son “laissez-passer consulaire”.
C’est la bévue de la semaine !
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2️⃣ Ouvea : 34 ans après le drame, la Gendarmerie n’a pas su refermer les blessures
La disparition, par suicide, le mardi 23 août au soir, d’une figure du GIGN, le lieutenant-colonel (ER) Jean-Pierre Picon, a fait remonter à la surface un épisode dramatique de l’histoire de la Gendarmerie. Et aussi, un rare exemple où la direction de l’Arme, n’a pas su – ou n’a pas pu – rendre hommage comme elle aurait dû aux morts, aux blessés, aux otages gendarmes, qui ont fait les frais de ce moment sanglant dans la lutte pour l’indépendance de la Nouvelle Calédonie d’une partie du peuple Kanak.
Le magistrat à la retraite Jean Bianconi, qui était en poste à l’époque sur place comme substitut du procureur, qui a été otage et négociateur nous a déclaré :
"Pour avoir partagé le sort des otages : GIGN et gendarmes, je ne peux que m’associer aux éloges adressés à Jean-Pierre Picon. Son courage pendant cette épreuve, son calme et sa détermination le jour de l’assaut, ont été un facteur essentiel de la réussite de celui-ci”.
Et il a tenu à ajouter :
“Il est regrettable que la Direction générale de la Gendarmerie n’ait jamais rendu un hommage solennel à Picon, mais aussi à Dubois, Pichegru, Guilloteau, Leroy, Meunier, qui, en se portant volontaires à ses côtés, ont sauvé la vie de l’adjudant Delahaye. Boucs émissaires de cette tragédie, le même hommage aurait dû, aussi, être rendu aux gendarmes pris en otages après l’attaque de la gendarmerie de Fayaoué".
Dont acte.
A noter : les demandes d’indemnisation d’anciens gendarmes otages, ou de leurs familles, ayant été rejetées par le ministère des Armées, les demandeurs se sont tournés vers les tribunaux administratifs et leurs demandes ont été regroupées au TA de Lille, dont on attend la décision.
A noter encore : tués, blessés ou otages sur l'ile d'Ouvéa en 1988, ils n'ont pas eu droit à la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme
La plaie n’est toujours pas refermée.
3️⃣ La police judiciaire de la Police nationale en voie d’échapper à la départementalisation
Le projet de réforme gouvernementale de la Police nationale – déjà expérimenté dans huit départements et prévu pour 2023 – entend placer sous l'autorité d'un nouveau responsable unique, le directeur départemental de la Police nationale, dépendant du préfet, les services de renseignement, de sécurité publique, de police aux frontières et de police judiciaire.
(On a dit que cette réforme s’inspirait de l’organisation de la Gendarmerie nationale, avec ses groupements départementaux, niveau essentiel du commandement des gendarmes. Sauf que, jusqu’à nouvel ordre, les commandants de groupement ne sont pas sous l’autorité hiérarchique des préfets…)
En tout cas, la réforme passe mal, et, à ce jour, a du plomb dans l’aile. Les syndicats sont montés au créneau. Une “Association Nationale de la Police Judiciaire, contre l'enterrement de la PJ, pour défendre l'idée d'une police hautement spécialisée et indépendante, au service des citoyens”, s’est constituée jeudi 25 août.
Et les magistrats se sont joints à ces protestations. Y compris l’un des plus hauts magistrats de France, François Molins, le procureur général près la Cour de cassation, qui a estimé sur France Inter, mercredi 31 août, que “la réforme est porteuse d'un certain nombre de dangers et ne va pas dans la bonne direction”. Le premier "risque" est, selon l'ancien procureur de Paris, de "détruire" les services de PJ, "les seuls services qui sont arrivés à garder la qualité dans les enquêtes".
Ce 1er septembre matin, la première ministre Elisabeth Borne a promis de "lever les inquiétudes" autour de la réforme des services de police judiciaire.
Sans doute le rétropédalage de la semaine…
Et vive les gendarmes !
Alain Dumait, directeur de L’Essor
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🟥 Fait divers de la semaine : Un gendarme de La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique) a été condamné ce mercredi 24 août 2022 à dix mois de prison avec sursis probatoire pour avoir harcelé son ex-compagne en se faisant passer pour son commandant de brigade grâce à une application sur son smartphone qui changeait son numéro de téléphone.
🟥 Les complices de l'assassin d’Arnaud Beltrame seront jugés en Cour d’assises
🟥 Une nouvelle voiture rapide des gendarmes dans le fossé : une Mégane RS de la Gendarmerie nationale, à son tour, a été victime d’une sortie de route le vendredi 26 août.
🟥 Le GIGN est intervenu et a négocié avec les pirates, auteurs de la cyberattaque de l'Hôpital de Corbeil-Essonnes. Selon nos confrères du Parisien, il aurait même réussi à réduire de 90% le montant de la rançon demandée, qui, pour autant n’aurait pas été payée.
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