Les policiers sont plus utiles quand ils sont visibles et en uniforme !
Gérald Darmanin veut des policiers à pied et en uniforme aux portes des églises, et des synagogues, du 18 décembre au 7 janvier. Que ne le leur demande-t-il pas partout et tout le temps !
Nous sommes le jeudi 15 décembre 2022. Voici le n°33 de votre newsletter Rue Bleue - Droit à la Sécurité.
Rue Bleue est une newsletter écrite pour vous, par le directeur de L’Essor de la Gendarmerie nationale (voir ci-dessous). L’éclairage d’un observateur civil, indépendant, attaché à la défense des personnels de l’Arme, et de tous les personnels de police, en premier lieu ceux du terrain.
Les sources d’informations de cette newsletter, qui alimentent notre réflexion, proviennent pas seulement de notre site d'informations journalières, lessor.org, mais aussi de sites extérieurs, ou de l'AFP.
Si vous appartenez, de près ou de loin, à la communauté des gendarmes, de leurs amis, et de leur journal d’expression (depuis 86 ans), le mensuel L’Essor de la Gendarmerie nationale, ou, au-delà, aux amis des forces de sécurité et du maintien de l'ordre, cette correspondance est pour vous !
“On devient l'homme de son uniforme” (Napoléon Bonaparte)
D’abord, l’édito de la semaine.
🟥 La police de proximité n'empêche pas le grand banditisme, mais concourt à son combat
À la question posée la semaine dernière dans cette lettre, à savoir : "Sur l'espace public, la tranquillité générale doit-elle être la priorité absolue des pouvoirs publics ?", 97% de nos correspondants (574 ont répondu dans les trois jours suivant notre envoi) ont répondu OUI.
Pourtant, dans l'opinion, les médias, les universités, je ne suis pas sûr que les réponses soient de cet ordre…
En effet, les violences les plus graves ne se situent pas exactement sur l'espace public.
Le terrorisme reste, pour nous tous, la menace majeure. Le grand banditisme ne traîne pas dans les rues. Les violences intra-familiales sont domestiques mais la tranquillité publique est la base d'une politique globale de sécurité publique. Comme le socle d'une pyramide où toutes les autres menaces, et les services qui les combattent, sont aux étages.
1️⃣ Si la tranquillité publique est assurée, toutes les autres menaces, sans disparaître, s'en trouvent diminuées.
Si la police de proximité est partout présente et efficace, les points de deal de drogue et de vente de crack disparaissent. Bien sûr, le trafic de drogue et le crack restent des problèmes, de police et de santé publique, mais de moindre intensité.
Même le risque d'attentat terroriste est réduit par une meilleure occupation et connaissance du terrain.
2️⃣ Il ne faut donc pas déshabiller Paul pour habiller Pierre : La police de proximité, bien comprise, facilite la tâche des enquêteurs de la police judiciaire comme celle des forces de maintien de l’ordre.
Pour le grand banditisme, on aura toujours besoin d'une direction centrale de la police judiciaire, côté Police, comme d'une sous-direction de la police judiciaire, côté Gendarmerie. Mais, comme toute enquête a vocation à aboutir à l'arrestation des délinquants, criminels, malfaiteurs, voleurs ou contrevenants, la police de proximité, quel que soit son statut, national ou municipal, est le correspondant naturel de tous les autres services.
3️⃣ Police et Gendarmerie ont besoin de plus en plus de spécialistes. Éventuellement sous contrat.
Tout comme les hommes du renseignement, ces spécialistes peuvent être sédentaires, et même être quasiment toujours en civil. Mais, sur la voie publique, pour la tranquillité générale, les personnels de police, gendarmes ou policiers, doivent être en uniforme.
Je remarque à cet égard que lorsque Gérald Darmanin donne aux forces de l’ordre des consignes particulières pour la sécurité des lieux de culte pour les fêtes de fin d’année, du 18 décembre au 7 janvier prochain (pour les fêtes juives de Hanoucca, et pour les fêtes chrétiennes de Noël, le Noël arménien et le Noël orthodoxe), il croit bon de préciser : “Présence physique, visible, à pied et en uniforme”. C’est bien la preuve, a contrario, que, couramment, la présence policière n’est souvent ni physique, ni visible, ni à pied, ni en uniforme.
Police et Gendarmerie ont aussi besoin, l'une comme l'autre, d'un appui permanent de la population au service de laquelle ils sont placés, ce qu'ils ne doivent jamais oublier !
En Gendarmerie, au niveau des brigades, les contacts avec la population sont permanents. Beaucoup de maires les favorisent. Les référents “sûreté” ou “citoyens” sont nombreux. En zone police, la concertation directe avec les habitants est moins fréquente, sauf là où des élus l'organisent. Même s'agissant des polices municipales, rares sont les communes où des réunions régulières permettent aux habitants et aux policiers de se rencontrer et débattre. C'est pourtant un excellent moyen d'améliorer ensemble la tranquillité publique.
🟥 Trois autres infos importantes :
🟥 Les personnes séropositives désormais admises dans les rangs de la police. Les personnes vivant avec le VIH, le virus responsable du sida, peuvent depuis fin novembre intégrer la police nationale après l'abrogation par le gouvernement d'un arrêté les discriminant à l'embauche, a-t-on appris mardi auprès d'un avocat d'associations LGBT et de lutte contre la maladie, Me Deshoulières.
Dans un décret "relatif aux conditions de santé particulières exigées pour l'exercice des fonctions relevant des corps de fonctionnaires actifs des services de la police nationale", publié au Journal officiel le 25 novembre, le gouvernement a ainsi mis fin au "Sigycop", un dispositif d'évaluation de l'aptitude physique des futurs policiers. Appliquée strictement, cette évaluation basée sur une cotation de 1 à 6 "classait comme inaptes les personnes vivant avec le VIH, qui étaient de ce fait exclues de la police nationale", souligne Me Deshoulières.
Cette abrogation ne concerne pour l'instant ni les gendarmes ni les pompiers mais l'avocat anticipe que cela pourrait être fait "dans les prochains jours afin de s'aligner globalement sur la nouvelle règlementation applicable aux policiers".
Du côté des militaires, le ministère des Armées a refusé en avril de modifier le dispositif du "Sigycop" également en vigueur pour intégrer ses rangs, dans un courrier au Conseil d'État consulté par l'AFP.
Les dernières études scientifiques ont démontré que les personnes séropositives bénéficiant de traitements antirétroviraux ont une charge virale indétectable et ne transmettent pas le VIH.
🟥 La Lopmi définitivement adoptée hier mercredi 14 décembre. Le Parlement a adopté mercredi, par un dernier vote du Sénat, la loi d'orientation et de programmation du Ministère de l'Intérieur (Lopmi), qui prévoit notamment une hausse de 15 milliards d'euros sur cinq ans de ses crédits. Le texte, voté en lecture définitive au Sénat par une très forte majorité (316 voix pour, 27 contre), prévoit également la création de 8.500 postes de policiers et gendarmes, mais aussi d'autres mesures comme l'extension du périmètre des amendes forfaitaires uniques, fortement critiquées par la gauche.
Voici les principales modifications au texte initial obtenues par les sénateurs. Le texte final :
retient la proposition de rédaction formulée par les rapporteurs du Sénat en commission mixte paritaire sur les garanties données pour préserver le rôle de la police judiciaire dans le cadre de la réforme de l’organisation de la police nationale ;
étoffe, comme l’avait souhaité le Sénat, les moyens des enquêteurs sous pseudonyme ;
renforce, à l’initiative du Sénat, la réponse pénale face aux violences faites aux élus, aux refus d’obtempérer et aux rodéos urbains ;
confirme l’attribution de la qualité d’agent de police judiciaire aux élèves officiers de la gendarmerie nationale durant leur scolarité en formation initiale ;
maintient l’extension, décidée par le Sénat, des prérogatives des agents de police judiciaire sous le contrôle des officiers de police judiciaire ;
conserve le souhait du Sénat de ne pas généraliser le recours à une amende forfaitaire pour tous les délits punis de moins d’un an de prison, tout en l’étendant à une liste déterminée de nouvelles infractions.
🟥 Plusieurs rapports adressés au président de la République soulignent des problèmes de sécurité récurrents autour du palais. Après une intrusion, le 28 septembre, ils réactivent le conflit entre policiers et gendarmes affectés à la sécurité du chef de l’Etat.
🟥 Trois autres divers faits :
🟥 Première reconstitution de la nuit de la disparition de Delphine Jubillar. Les avocats des parties civiles espéraient que le mari de l'infirmière, qui fait office de principal suspect, passe aux aveux. Il a pourtant continué à clamer son innocence.
🟥 Tarn-et-Garonne : un homme suicidaire tire sur les gendarmes. La soirée de samedi 10 décembre a été mouvementée du côté de Vaïssac (Tarn-et-Garonne). Vers 18 heures, une mère domiciliée dans les Pyrénées-Orientales a appelé les gendarmes pour leur signifier qu’elle était très inquiète pour son fils demeurant à Vaïssac et qui venait de lui annoncer sa volonté de se suicider.
Une patrouille de gendarmerie du PSIG s’est rendue sur place et, faute de réponse, envisageait de briser la porte pour porter secours à l’individu, mais ils ont été accueillis par un coup de fusil qui n’a pas fait de victime mais les a obligés à reculer pour se mettre en sécurité. L’intervention d’un négociateur n’a rien arrangé, l’homme insultant copieusement et menaçant de mort les gendarmes. Il finira par être appréhendé… Après une prolongation de garde à vue et le passage d’un expert psychiatre, l’homme de 35 ans a été déféré au parquet de Montauban ce lundi 12 décembre. N’ayant pas d’antécédent, il a été placé sous contrôle judiciaire avec une obligation de soins, et convoqué à comparaître devant le tribunal correctionnel le 28 mars prochain.
🟥 Encore des enfants migrants secourus par les gendarmes dans le Pas-de-Calais. "Une centaine de migrants" a tenté de prendre la mer au départ de cette plage durant la nuit de samedi à dimanche dernier, précise la préfecture. Parmi eux, 37 ont été mis à l'abri dans une salle des fêtes de Camiers où ils "ont bénéficié de vêtements secs". Le préfet du Pas-de-Calais a salué par communiqué "l'intervention héroïque des gendarmes (...) ayant permis d'éviter un drame".
À lire aussi :
🟥 L'ex-capitaine de gendarmerie Juving-Brunet reste en prison. L'ancien officier, égérie des antivax dans le Var, a été mis en examen, notamment "pour escroquerie en bande organisée" après avoir créé une monnaie fiduciaire, le "Franc libre".
🟥 Un gendarme de Vitry-le-François est impliqué dans une escroquerie de vente de maillots du FC Nantes sur Internet. Suspecté d’être le vendeur, le quinquagénaire sera, notamment, jugé en avril 2023 pour abus de confiance et escroquerie.
🟥 Jeudi 8 décembre 2022, à Cherbourg (Manche), s’est déroulée la cérémonie de désarmement de deux patrouilleurs côtiers de la gendarmerie maritime : Athos et Aramis. Des patrouilleurs dont les équipages ont participé à de multiples actions. Ils ont été présents pour des recherches et des sauvetages en mer, de police de la navigation et différents contrôles des activités de pêche et d’élevage en milieu marin.
La plus originale :
🟥 Un fusil anti-char géant de la Première Guerre mondiale, surprise de la collecte d'armes à feu des gendarmes de Langres (Haute-Marne)
🟥 Dernière minute / No comment
208.000 victimes de violences conjugales recensées en 2021 par la Police et la Gendarmerie….
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A propos de l’éditeur-rédacteur de cette lettre hebdomadaire.
Alain DUMAIT, 78 ans, est journaliste depuis 1970. Il devient éditeur de journaux en 1978 et crée "La Lettre A", puis plusieurs autres publications. Il a racheté L’Essor de la Gendarmerie nationale en 2012. Il a par ailleurs été élu à Paris, maire du 2e arrondissement.
Voilà, c’est fini pour cette semaine.
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(Notre dernière lettre « Rue Bleue », datée du 8 décembre 2022, a été envoyée à 33.751 abonnés, et ouverte 20.955 fois ! 😊)