Sur l’espace public, la tranquillité générale doit devenir la priorité des priorités ! Pour l'instant, elle ne l'est pas...
Sur le terrain, dans l'espace public, les forces de sécurité doivent être visibles partout, et exercer, avant tout autre chose, une mission de surveillance générale.
Nous sommes le jeudi 8 décembre 2022. Voici le n°32 de votre newsletter Rue Bleue - Droit à la Sécurité.
Rue Bleue est une newsletter écrite pour vous, par le directeur de L’Essor de la Gendarmerie nationale (voir ci-dessous). L’éclairage d’un observateur civil, indépendant, attaché à la défense des personnels de l’Arme, et de tous les personnels de police, en premier lieu ceux du terrain.
Les sources d’informations de cette newsletter, qui alimentent notre réflexion, proviennent pas seulement de notre site d'informations journalières, lessor.org, mais aussi de sites extérieurs, ou de l'AFP.
Si vous appartenez, de près ou de loin, à la communauté des gendarmes, de leurs amis, et de leur journal d’expression (depuis 86 ans), le mensuel L’Essor de la Gendarmerie nationale, ou, au-delà, aux amis des forces de sécurité et du maintien de l'ordre, cette correspondance est pour vous !
En décembre, L’Essor vous pose la question :
-" Êtes-vous favorable au dépôt de plainte par visioconférence ?”
Répondre au questionnaire du mois de décembre 2022.
Place du Palais Royal, face au siège du Conseil d’Etat, dans le 1er arrondissement de paris : depuis le 2 décembre; 200 tentes de sans-abri ont été installées par des associations subventionnées…. Quand le désordre règne sur l’espace public, y compris devant la plus haute juridiction administrative, c’est que la tranquillité publique n’est plus la priorité des pouvoirs publics !…. (illustration : capture d’écran, 24heures)
D’abord, l’édito de la semaine.
🟥 Doubler d'ici 2030 la présence de la police sur le terrain est un objectif formidable. À condition qu'on la voie !
1️⃣ Il arrive que ‘tranquillité publique’ et ‘poursuite des délinquants’ entrent en conflit. J’ai un cas très précis en tête. Je vais vous le raconter…
De 1983 à 1989, j’étais le maire du deuxième arrondissement de Paris. Sur les 600 mètres de la rue Saint-Denis, entre la rue Etienne Marcel et la Porte Saint-Denis, l’activité prostitutionnelle était intense, de jour comme de nuit. Quelque 2.000 personnes prostituées s’y retrouvaient, selon l’estimation des services de police. Les débordements, sur la chaussée, les trottoirs et même les entrées d’immeubles, étaient permanents. La population était légitimement excédée.
Régulièrement j’allais m’entretenir de cette situation avec le préfet de Police. A ce titre j’en ai connu quatre… Je lui demandais, notamment, de mettre du personnel en tenue sur place, afin de décourager au moins les clients.
«Surtout pas, M. le maire ! m’était-il répondu. Vous n’y pensez pas ! Nous contrôlons la situation : une équipe dédiée de police judiciaire dresse des contraventions et pourchasse les proxénètes. D’ailleurs, voyez mes statistiques.»
La population demandait de la tranquillité, la police multipliait les procédures…
(La situation aujourd’hui s’est améliorée parce que, à mon initiative, la Ville a réaménagé le Quartier Montorgueil-Saint-Denis, et aussi, et surtout, parce que la prostitution, jamais éradiquée, a pris de nouvelles formes. Elle s’est «numérisée»...)
La préfecture de Police - qui par ailleurs, alors, s’opposait à la création d’une police municipale à Paris - poursuivait effectivement et mollement les délinquants, prétendant ainsi réduire le phénomène, ce qui n’était pas du tout le constat des riverains et de leurs élus.
2️⃣ Vente de drogue à la sortie des écoles : surveiller les dealers (en civil) ou protéger les enfants (en uniforme)…
Déjà, dans les années quatre-vingt, les sorties d’écoles et de collèges étaient des lieux privilégiés pour le trafic de drogue qui, depuis lors, n’a fait que croître et embellir.
La police locale, à Paris, en banlieue et dans les grandes villes, disait surveiller tous ces endroits. Avec des policiers en civil qui obtenaient certains résultats, les statistiques le montraient. La politique du chiffre était satisfaite, plus ou moins…
Dans le même temps, dans d’autres pays, comme aux Etats-Unis, d’autres stratégies étaient déployées, consistant à protéger les jeunes, avec une présence policière en uniforme, qui décourageait les dealers. Les statistiques de procédures étaient moins bonnes, mais la tranquillité y gagnait. Accompagner les jeunes à l’école dans les quartiers de Paris où le trafic de crack s’est installé, c’est bien ; empêcher que le trafic de crack s’installe, c’est mieux….
3️⃣ Prétendre éradiquer la délinquance en la poursuivant, discrètement, sans plus, est largement une illusion !
Aujourd’hui, notre ministre de l’Intérieur super-actif fait la chasse aux points de deals, dans les cités et les zones de non-droit. Il les « pilonne », au rythme de 1000 par mois ! Pourtant, le trafic et la consommation n’ont jamais été si importants, selon tous les spécialistes…
Sans doute s’agit-il d’un phénomène de société, qui dépasse largement les capacités de nos policiers et gendarmes. Mais, en ce qui concerne le trafic sur l’espace public, on peut admettre que la solution, du point de vue de la tranquillité publique, réside davantage dans la surveillance, qui décourage, que dans la chasse aux dealers, dont la relève est aussitôt assurée.
Les zones de non-droit ne sont rien d’autre que des territoires qu’on a laissés trop longtemps sans surveillance.
Attention : je ne dis pas qu’il ne faut pas poursuivre les délinquants ! La loi doit être appliquée partout, et résolument ! Mais la tranquillité générale, sur l'espace public, exigence impérative, qui relève d’une présence permanente et en uniforme, que ce soit de la police nationale, de la Gendarmerie ou des polices municipales, ne doit jamais être sacrifiée pour les besoins légitimes des enquêtes judiciaires.
On objectera : "la surveillance renforcée d'un territoire risque d'aboutir à un simple déplacement des phénomènes poursuivis (prostitution, trafic de drogues, insécurité…)". Si la surveillance est générale, y compris dans les zones de non-droit, ces phénomènes diminueront puis disparaîtront. Il n'y a pas de fatalité face aux problèmes de délinquance. Leur histoire nous indique que beaucoup sont aujourd'hui oubliés. Le trafic d'alcool a presque disparu. Le regain du trafic de cigarettes s'explique par l'augmentation de leurs prix administrés…
🟥 Trois autres infos.
🟥 Violences intra-familiales. Un peu plus d’un an après Saint-Brieuc, la compagnie de gendarmerie de Dinan (Côtes-d’Armor) a sa cellule spécialisée dans les enquêtes sur les violences intrafamiliales. Pour Guingamp et Lannion, les deux autres compagnies du département, le projet est envisagé.
🟥 Amende abusive. Verbalisé sans le savoir pour non-respect de l’obligation du port du masque, Christian, retraité vivant à Vénissieux, et ancien gendarme, se dit victime d’une « saisie administrative abusive ». « Pour mettre en garde », il raconte sa mésaventure.
🟥 Trois autres divers faits :
🟥 Selon le Canard enchaîné et le site d'actualité policière Actu17, Frédérique Camilleri, préfète de police de Marseille, s’est faite dérober son sac au cours de sa pause déjeuner lors d’un déplacement à Paris effectué en fin d’été. Problème, celui-ci aurait contenu un de ses téléphones professionnels, qu’on imagine volontiers farci de données sensibles. Une « fake news », assure à 20 Minutes la préfecture de police, qui précise que si la préfète s'est bien faite voler son sac, par ruse et dans le cadre d'un déplacement personnel, celui-ci ne renfermait strictement que des effets personnels.
🟥 En Guyane, des habitants ont manifesté cette semaine contre l’installation d’un point de contrôle routier de la Gendarmerie.
🟥 Mayotte. Venus arrêter un violeur, le 7 juin 2022, dans un quartier de Longoni, quatre gendarmes ont été pris à partie par des habitants voulant s’en prendre à l’interpellé. Après deux premières condamnations, deux autres participants aux faits ont écopé de deux ans de prison, dont quatorze mois avec sursis, ce vendredi 25 novembre.
À lire aussi :
🟥 Trois jours après le décès de Julien, percuté au guidon de son scooter, dimanche après-midi à Limours (Essonne), par un véhicule de la gendarmerie qui partait en intervention, les investigations se poursuivent. Ce mercredi, la garde à vue du militaire qui était au volant a été levée. Dans la foulée, le parquet a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire
🟥 Sous-officier au Peloton de surveillance et d’intervention (Psig) de Saint-Claude, Kévin est aussi, depuis le 4 novembre, champion de France militaire de boxe anglaise. Arrivé en mai dernier au Psig de Saint-Claude, il a pu compter sur ses camarades pour se préparer à la compétition en un temps éclair.
🟥 La Gendarmerie a décoré le chien Jazz pour l’ensemble de sa carrière à la brigade cynophile de Caen
La plus originale :
🟥 Les gendarmes de Landivisiau ont porté secours à une chouette blessée, coincée sous un tas de matériaux. Elle a été confiée aux bons soins d’un vétérinaire.
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A propos de l’éditeur-rédacteur de cette lettre hebdomadaire.
Alain DUMAIT, 78 ans, est journaliste depuis 1970. Il devient éditeur de journaux en 1978 et crée "La Lettre A", puis plusieurs autres publications. Il a racheté L’Essor de la Gendarmerie Nationale en 2012. Il a par ailleurs été élu à Paris, maire du 2ème arrondissement.
https://ruebleue.lessor.org/Voilà, c’est fini pour cette semaine.
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(Notre dernière lettre « Rue Bleue », datée du 1er décembre 2022, a été envoyée à 33.799 abonnés, et ouverte 21.117 fois ! 😊)