Un deuil, des promesses, des critiques...
Un jeune capitaine du GIGN est mort vendredi dernier. Les Gendarmes sont en deuil... La première ministre confirme 200 nouvelles brigades. La défenseure des droits revient sur l'interdiction du LBO.
Chaque semaine, vous trouvez dans votre newsletter Rue Bleue quelques informations inédites, ou mises en perspectives, susceptibles de retenir votre attention. Les sources de ces informations ne proviennent pas seulement de notre site d'informations journalières, mais aussi de sites extérieurs, ou de l'AFP. Si vous appartenez, de près ou de loin, à la communauté des gendarmes, de leurs amis, et de leur journal d’expression depuis 86 ans, L’Essor de la Gendarmerie nationale, ou, au-delà, aux amis des forces de sécurité et du maintien de l'ordre, cette correspondance gratuite est pour vous ! Faites donc suivre Rue Bleue vos amis !
On vous a transmis Rue Bleue ou vous l’avez découverte sur le web ? Vous pouvez vous inscrire en indiquant votre email ci-dessous.
1️⃣ Un capitaine du GIGN est mort à l'entraînement. Stupeur et recueillement
Cette semaine un triste sujet s’impose :
un capitaine du GIGN est mort vendredi dernier au matin. Au cours d’un entraînement en paramoteur - un ULM composé d’une voile de parapente et d’un petit moteur dans le dos du pilote - dans un club de Goussainville (Val d'Oise ), à quinze kilomètres de Dreux. L'aéronef s'est écrasé dans un champ, le long de la RN 12.
Il s’appelait Jérôme Favier. Il avait 33 ans, marié, il était père de 2 enfants. Sa femme est enceinte.
Son parcours était déjà remarquable, et iconoclaste :
passé par l’école des officiers de Melun, Jérôme Favier semblait avoir hésité avant de suivre finalement cette voie. Avant son entrée dans l’unité d’élite en 2018, ce juriste passé par un master 1 en droit des affaires obtenu à Paris 2 et d’un master 2 en droit pénal financier de l’université de Cergy, avait d’abord travaillé dans la lutte contre le blanchiment d’argent au sein de la banque HSBC. Il avait ensuite été embauché comme chef de projet sûreté économique et financière à la SNCF, avant d’être nommé assistant spécialisé au pôle financier du tribunal judiciaire de Paris. Jérôme Favier avait enfin été assistant parlementaire du député centriste de la Marne Charles de Courson pendant quelques mois en 2015.
C’est ensuite qu’il a décidé de faire le choix de la Gendarmerie, dans les pas de son père, le général d’armée Denis Favier, devenu en 2016, après son adieu aux armes, le directeur sûreté du groupe TotalEnergies (pour le compte duquel il se trouvait au Rwanda quand on lui a annoncé cette funeste nouvelle, le 1er juillet).
Moins de sept ans après cette cérémonie, à l’occasion de laquelle il portait le drapeau de la Gendarmerie et le remettait à son père, l’élève officier était déjà devenu capitaine, chuteur opérationnel, et portrait le brevet GIGN n°1311. Son futur, en Gendarmerie, s’annonçait prometteur.
Quelques semaines avant cette tragédie, Denis Favier disait à notre collaborateur Pierre-Marie Giraud : "La Gendarmerie m’a tout donné". Ce jour-là, elle lui a trop repris.
La stupeur et la tristesse ressenties et exprimées à tous les niveaux de la Gendarmerie, dans toutes ses unités, disait non seulement que Jérôme Favier, qui s'entraînait ce jour là pour se perfectionner, encore et toujours, était un héros du quotidien, mort au travail, pour mieux servir, mais disait aussi, à cette occasion, que son père, Denis Favier demeurait bien présent dans le coeur de tous, considéré à juste titre comme un modèle de gendarme, de chef et de directeur.
(Les obsèques de Jérôme Favier ont été célébrées ce jeudi matin à Satory, un quartier de Versailles où le GIGN est implanté, dans l’intimité de la famille et de l’unité. Sans la presse.)
2️⃣ Elisabeth Borne confirme les 200 nouvelles brigades
Dans son discours de politique générale de 87 minutes, prononcé hier mercredi 6 juillet à la tribune de l’Assemblée nationale, la Première ministre Elisabeth Borne à davantage parlé du pouvoir d’achat, de la lutte contre le réchauffement climatique, ou pour l’égalité des chances…, que des problèmes de sécurité publique. Mais les gendarmes ont retenu qu’elle a repris à son compte la promesse électorale du candidat Emmanuel Macron de créer, bientôt, 200 nouvelles brigades de Gendarmerie (+6%). Un chiffre égal au tiers de celles qui ont été supprimées depuis quinze ans.
Or, ces "nouvelles brigades", sauf exception (toujours possible), et jusqu’à preuve du contraire, seront en fait volantes, voire éphémères. Un haut gradé ne disait-il pas, le mois dernier : "Les gendarmes seront un peu comme les boulangers qui passent dans les villages avec leur camion ". On a aussi parlé de camping-cars, comme on en trouve déjà dans certains groupements.
Espérons que tous les autres engagements du chef du gouvernement seront un peu moins « virtuels ».
3️⃣ Le maintien de l'ordre vu par la DDD
Madame la Défenseure des droits, Claire Hédon, comme son prédécesseur Jacques Toubon, a les forces de l’ordre dans son collimateur.
On peut la comprendre : sept réclamations sur dix qui lui sont adressées (114 898 en 2021, + 18,6% d’une année sur l’autre) concernent les forces de l’ordre !
Chaque année, dans son rapport annuel (140 pages), elle rapporte des cas précis de non-respect des droits élémentaires des citoyens, des exemples d’erreurs de conduite des policiers et des gendarmes : 52,9% des réclamations concernent les premiers, 18,6% les seconds.
Elle revient sur sa marotte : l’interdiction des LBD (lanceurs de balles de défense) qui ont pourtant, dit-elle, été confirmés dans le schéma national du maintien de l’ordre, paru en décembre 2021, a « conforté l’usage de cette arme, même s’il en a fait évoluer le cadre avec la mise en place de superviseurs ou de caméras ».
On notera aussi qu’elle tient le modèle français du maintien de l’ordre basé sur une "vision confrontationnelle" (sic). Elle demande à recentrer le maintien de l’ordre sur sa mission de prévention et d’accompagnement des manifestations ; développer le dialogue et la concertation ; elle propose de "recentrer le maintien de l’ordre sur sa mission de prévention et d’accompagnement des manifestations ; développer le dialogue et la concertation, condition d’un rapprochement dans les relations police population".
Puisque le dialogue et la confrontation sont à l’ordre du jour au Parlement, je propose à Madame la Défenseure des droits de venir présenter son rapport dans quelques cercles de nos escadrons de gendarmes mobiles, ceux qui étaient présents le 1er décembre 2018 autour de l’arc de Triomphe vandalisé et en flammes. L’Essor est prêt à organiser un tel débat, entre la cheffe d’une autorité administrative (très) indépendante et des personnels de terrain (très) entraînés !
Et vive les gendarmes !
Alain Dumait, directeur de L’Essor
Ces quelques articles pourraient vous intéresser :
🟥 Le top-10 de lessor.org au mois de juin 2022
🟥 Chaque mois, L'Essor pose une question à ses lecteurs fidèles. La question du mois de juillet : "Pour vous, convient-il qu'un journal comme L'Essor rende compte de ces drames que sont les suicides de gendarmes en service, ou bien qu'il se taise ?"
🟥 La porte-parole de la Gendarmerie, Maddy Scheurer, quitte ses fonctions. Elle vient d’être remplacée par deux officières.
🟥 Tour de France des changements à la tête des groupements de Gendarmerie (actualisé)
🟥 La citation de la semaine : "Honte à ceux qui attaquent nos policiers et nos gendarmes" (Élisabeth Borne, le 6 juillet 2022)
PS : Les liens vers des articles de L'Essor renvoient souvent à des pages réservées à nos abonnés. En effet, L'Essor, entreprise privée, n'a de ressources que celles que ses lecteurs et abonnés lui procurent ! Notre offre "essentielle", à partir de 1,99 euros par mois, permet de lire l'intégralité de nos articles sur le site de L’Essor.
PPS : Positionnement et modernité de L’Essor
L’ADN de L’Essor renvoie à son fondateur, l’adjudant-chef ER Jean Cousteix. Ce journal a donc toujours été celui des personnels de la Gendarmerie, pour parler en leur nom, et souvent les défendre.
Le reste en découle: tout ce qui est gendarmique est nôtre! Mais jamais nous n’oublions notre utilité sociale: informer et dire ce qui ne figure pas dans la communication officielle ; écouter et défendre tout gendarme qui s’adresse à nous, là où la concertation interne a trouvé ses limites ; donner à mieux connaître l’Arme, à tous ceux qui l’aiment déjà ou qui veulent s’en rapprocher.
Fidèle à ses origines, toujours, un journal de communauté comme L’Essor doit évoluer, se professionnaliser (aujourd’hui, notre rédaction compte 7 cartes de presse), se moderniser, s’adapter aux nouveaux médias.
L’Essor est aujourd’hui un ensemble de trois supports d’information :
chaque mois son magazine (une nouvelle formule dès le mois de septembre)
chaque semaine sa newsletter Rue Bleue
chaque jour, en flux continu, les infos immédiates, sur lessor.org.
Voilà, c’est fini pour cette semaine. La newsletter vous a plu ? Dites-le en cliquant sur le ❤️ ou en cliquant sur ce pictogramme en haut de page 💬. À la semaine prochaine.